Présentation
La numérisation du débat public au cours des dernières décennies a considérablement modifié nos pratiques de production et de consommation de l’information, les formes de communication politique et dès lors les règles de la compétition politique dans son ensemble. Plus de 60% des Français déclarent ainsi s’informer par les réseaux sociaux. La façon dont ces plateformes et leurs algorithmes sélectionnent, priorisent, et modulent la visibilité de certains contenus produit une “éditorialisation de fait” peu régulée, peu documentée et souvent ignorée par les consommateurs. Orientées vers la rentabilité économique, ces techniques commerciales favorisent la visibilité des contenus extrêmes et la polarisation du débat. Elles nuisent à la diffusion de messages plus nuancés et au pluralisme du débat public.
Cette numérisation du secteur de l’information et de la diffusion de contenus vient aussi transformer les pratiques de l’”influence”. Par temps de paix comme de guerre, l’élaboration et le contrôle des récits ou des “cadrages” de l’actualité sont une composante ancienne des relations internationales. La numérisation du débat public a ainsi considérablement bouleversé les pratiques de communication politique et de propagande. Le recours aux IA est dans ce cadre de plus en plus fréquent. En raison des tentatives d’ingérence étrangère dans le débat public et la compétition électorale, ou des campagnes de désinformation déployées sur des théâtres de guerre, en particulier lors d’opérations extérieures comme au Mali, la numérisation du débat public a conduit les pouvoirs publics à concevoir et opérationnaliser la « couche sémantique » du cyberespace comme un nouvel espace de conflictualité.
Quel est l’impact de la numérisation du débat public sur nos systèmes politiques à l’échelle nationale et internationale ? Comment s’élaborent les pratiques étatiques de lutte informatique d’influence ? Quels sont les principaux obstacles et défis rencontrés par ces politiques ? Sommes-nous entrés dans une nouvelle ère de la “guerre informationnelle” ? Quelles en sont les formes et les implications ? Peut-on parler d’une numérisation des techniques plus traditionnelles de “guerre psychologique” ? Quels rôles jouent les journalistes, les grandes entreprises, les services de l’État dans la gestion de ces défis ?
Prenant la suite du séminaire de l’an dernier, « IA, information et démocratie », l’atelier vise à proposer une perspective sociologique sur ces phénomènes et les initiatives de politiques publiques auxquelles ils donnent lieu. L’atelier repose sur une démarche de recherche empirique et la conduite d’enquêtes collectives. Par groupe de deux ou trois, il s’agira de choisir un thème d’enquête lié aux enjeux de l’”arsenalisation” des réseaux sociaux à des fins d’influence, de construire une question de recherche et une stratégie d’enquête pour y répondre. L’objectif final (qui constitue aussi l’une des modalités d’évaluation) est de rédiger un papier de recherche pour rendre compte des résultats de l’enquête empirique.
Responsable :
Maïlys Mangin (MCF Science politique, Université Toulouse Capitole / chercheuse associée au CIENS).
Calendrier prévisionnel des séances :
L’atelier se déroulera sur 6 séances de 2h (janvier-mars) entre mi-janvier et débat mars 2025. Les séances seront organisées autour de la discussion des enquêtes en cours, de lectures obligatoires et d’intervenants extérieurs.
Le cours a lieu le JEUDI de 16h à 18h
janv-25 | 23, 30 |
févr-25 | 6, 13, 20 |
mars-25 | 13 |
Séance 1 : Jeudi 23 janvier 2025 : Salle Favard, 46 rue d’Ulm.
Séance 2 : Jeudi 30 janvier 2025 : Salle Favard, 46 rue d’Ulm.
Séance 3 : Jeudi 6 février 2025 : Salle Favard, 46 rue d’Ulm.
Séance 4 : Jeudi 13 février 2025 : Salle Favard, 46 rue d’Ulm.
Séance 5 : Jeudi 20 février 2025 : Salle Favard, 46 rue d’Ulm.
Séance 6 : Jeudi 13 mars 2025 : Salle 316, 46 rue d’Ulm.