Les coulisses du Jeu sérieux de la PSL Week

Hugo Zylberberg, consultant en cybersécurité et animateur du « Jeu sérieux » de la PSL Week qui s’est tenue du 25 au 29 novembre revient sur l’élaboration et le déroulement du scénario de crise.

  1. Pouvez-vous nous résumer le scénario que vous avez conçu pour le « Jeu sérieux » de la PSL Week ?

Le jeu sérieux que nous avons animé avec Jean-Marc Gailis, (en 4ème année au département de géographie à l’ENS), repose sur une cyberattaque impliquant plusieurs grandes puissances mondiales. L’incident déclencheur est la déviation inexpliquée de la trajectoire d’un satellite, entraînant une mission de sauvetage d’une haute technicité dans l’espace extra-atmosphérique, afin de prévenir une collision catastrophique. 

Progressivement, il apparaît que le satellite lui-même a été compromis puis que les images satellitaires transmises ne sont plus fiables, empêchant l’efficacité des opérations au sol. 

  • Quelle est la mission des étudiants dans ce scénario ?

Les étudiants, répartis en équipes de quatre, jouent le rôle de conseillers politiques spécialisés en cybersécurité, chargés de donner un avis au Conseil de Défense et de Sécurité Nationale (CDSN, un organe restreint présidé par le Président de la République). Les informations sont communiquées de manière fragmentée, les obligeant à formuler des hypothèses et à proposer des recommandations sur la base de données incomplètes et parfois contradictoires. Tout au long de l’exercice, les étudiants sont amenés à rectifier leur analyse et leurs décisions, ce qui reflète la réalité d’une situation de crise où les décideurs n’ont jamais accès à l’intégralité des éléments d’information dès le départ. 

Ils doivent naviguer entre informations confirmées et zones d’incertitude. Un aspect de cet exercice est l’absence de « bonne réponse » unique. Certaines équipes nous surprennent par leur créativité et leurs propositions innovantes, ce qui illustre à quel point le cyber est un domaine en constante évolution. Les étudiants, souvent issus de formations et de spécialités diverses, doivent apprendre à se connaître, à s’écouter et à collaborer, une situation qui reflète les défis rencontrés dans une cellule de crise réelle où des experts de différents horizons ne disposent pas toujours du même vocabulaire mais doivent pourtant élaborer une réponse cohérente.

  • Quelles ont été vos sources d’inspiration pour l’élaboration de ce jeu sérieux ?

En tant qu’enseignant, j’aime utiliser des mises en situation pour mieux faire comprendre des problèmes théoriques. Un professeur fascinant m’a beaucoup marqué à Harvard, Jim Waldo : il enseignait un cours sur l’intersection entre la technologie et les politiques publiques et savait transmettre des connaissances informatiques de manière très concrète. Pour nous expliquer ce qu’était le protocole IP (système de routage des données), il nous avait répartis en petits groupes pour jouer le rôle de serveurs devant lesquels il déposait des paquets de documents (paquets de données), simulant la trajectoire de ces données d’un point A à un point B.

Ce jeu sérieux de la PSL Week est basé sur le challenge stratégique cyber « 9/12 » organisé par l’Atlantic Council dans le monde et par l’Institut Français de Géographie de Paris 8 en France, qui simule une crise résultant d’un incident cyber majeur. Nous avons créé puis organisé ce concours en France depuis 2019, ce qui m’a permis chaque année d’enrichir ma compréhension des dynamiques de gestion de crise dans un contexte cyber. 

J’en profite d’ailleurs pour mentionner que l’édition 2025 du Challenge se déroulera du 29 au 31 janvier prochain et que les étudiants qui souhaiteraient y participer peuvent obtenir toutes les informations nécessaires pour s’inscrire ici.  

La date limite de dépôt des candidatures est le 13 décembre 2024.